Etape 28 - Everest Base Camp - La montée finale vers Namche Bazar
Dimanche 12 novembre 2017. Après un solide déjeuner dans une tea-house de Jorsale (ouf ! ça fait du bien de s'arrêter !), on reprend notre chemin vers Namche Bazar. Et du coup, pour commencer, nous reprenons un pont ! Tiens, comme c'est bizarre...

Bon, autant le dire tout de suite, l'ascension finale vers Namche Bazar n'est pas une partie de plaisir. ça grimpe dur et le dénivelé entre Jorsale (2.850 m) et Namche Bazar (3.440 m) sera l'un des plus importants auquel nous aurons à faire face.

Entre les deux localités, nous allons traverser de nouvaux ponts suspendus. Et parmi eux, sans doute le plus célèbre : le Hillary Bridge***. Ce pont, suspendu très haut au-dessus de la rivière de lait et orné de drapeaux à prières, fut financé par sir Edmund Hillary lui-même, le premier homme à avoir escaladé jusqu'au sommet de l'Everest.

La véritable ascension se fait quasiment en pleine forêt. On longe d'abord la rivière qui s'écoule au fond de la vallée, puis on s'enfonce au coeur d'une forêt de conifères.

L'agréable sentier de randonnée a laissé place à la caillasse et aux épais blocs de roches. C'est dur. Très dur, même.

Entre deux gros efforts, j'essaie de relever la tête pour admirer le paysage. La forêt grimpe les flancs de la montagne. Au fond, tout au fond, on aperçoit le pic blanc de l'Everest et des autres sommets himalayens.

Puis je prends la route. Le chemin est très dur, la montée ardue, et l'air commence à se raréfier. Je commence à comprendre que ce trek vers le plus haut sommet du monde ne va vraiment pas être une partie de plaisir. Sashee commence à la comprendre lui aussi et m'encourage. Je préfère le dire tout de suite : sans lui, jamais je ne serais parvenu jusqu'au sommet du Base Camp. Jamais.

Les derniers hectomètres de la montée sont vraiment très compliqués. Il faut s'accrocher. Le chemin grimpe de folie et serpente à travers les pins et les sapins. C'est dur. Je prends tout mon temps. Pas question de me griller dès le deuxième jour de la montée.

Enfin, au détour d'un virage, les habitations de Namche Bazar accrochées aux flancs de la montagne apparaissent. Il ne reste plus que quelques centaines de mètres à monter. L'espoir et la bonne humeur reviennent aussitôt. Pas question d'aller plus loin sans faire une photo avec Sashee. Sans lui et ses encouragements, je n'y serai jamais arrivé.

Namche Bazar est la capitale des Sherpas. Enfin, nous y sommes. Perchée à 3.440 m d'altitude, elle est le centre économique, touristique et administratif de toute la région. Ici, on trouve tout ce dont on a besoin : des lodges pour dormir, des cafés, des restaurants, des boutiques et des magasins de souvenirs. Et surtout, de quoi recharger gratuitement téléphones portables, appareils photo et autres ordinateurs... Car, je vais bientôt le découvrir. Tout est payant par ici : électricité comme wi-fi. Et plus on monte, plus c'est cher !

En attendant, je passe le joli stupa blanc qui marque l'entrée de la ville, et je pénètre dans ses ruelles abruptes et difficiles d'accès.

Le chemin vers le centre de la cité se fait par une rue bordée par des temples. Puis très vite, le sentier se raccourcit et mène à des rues aux escaliers abrupts et aux montées vertigineuses. Enfn, arrivé à l'hôtel, c'est la délivrance. On laisse nos affaires dans la chambre, on boit du thé au citron et on fait un petit tour dans la ville. Les épiceries sont légions. Dans l'une d'elle, je vais m'acheter un dentifrice à la pâte rouge et épicée ! Il faut vraiment avoir envie de se brosser les dents !

Pas question d'entreprendre une nouvelle randonnée aujourd'hui. L'idée, c'est de se reposer au maximum. On squatte donc un bar pour recherger les batteries (au propre comme au figuré !) et on discute avec un couple de Marseillais dont le fils vient tout juste d'être évacué après avoir été saisi par le Mal aigu des montagnes dans la montée de Lobuche. Au-dessus de nos têtes tournent les hélicos de l'armée chargés des évacuations vers Katmandou. Et si on parlait d'autre chose, non ? A partir d'aujourd'hui, le sujet restera taboo. Personne ne souhaite échouer avant la montée finale vers le Base Camp. D'autant plus que Pierre et moi avons la tête qui tourne... La fameuse barre du MAM... Du coup, ce soir, on se couchera de bonne heure. Demain est une journée d'acclimatation. On a bien besoin de ça pour continuer l'aventure...



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